L’été est arrivé chez vous ! C’est devenu la saison des t-shirts en Occident aussi (je n’ai pas mis un pull depuis huit mois) ! Au Niger, après plus de deux mois de grosses chaleurs, la pluie est tombée. Elle est évidemment très attendue non seulement pour la fraîcheur qu’elle apporte (on a perdu environ 5 degrés en journée), mais surtout pour que les cultivateurs puissent espérer récolter d’ici quelques mois.
En saison sèche, les denrées sont rares et la vie quotidienne est encore plus dure. Après la déshydratation due aux températures excessives, les dernières semaines étaient chargées en termes de pertes humaines. J’ai été particulièrement touchée par Zeinab, une jeune femme de 23 ans, qui a déjà perdu son premier bébé, alors âgé de trois mois et emporté par le palu. Zeinab est arrivée à la maternité, brûlante de fièvre, avec une poche des eaux rompue depuis trois jours. La plupart du temps, les femmes ne viennent pas rapidement après avoir perdu les eaux, par manque de moyen ou parce que leur conjoint s’y oppose.
En faisant l’échographie, je lui annonce que son bébé est décédé. Je l’accompagne sur un lit d’accouchement et elle rencontre sa voisine, qui est là aussi, provoquée pour une mort in utero à terme. J’ai donc pris soin de ces deux amies, et j’ai été touchée par leur solidarité dans cette terrible épreuve, qui devient malheureusement quotidienne ici.
Dans ces moments où la souffrance physique rejoint une douleur psychique intériorisée, on ne parle ni de l’une ni de l’autre. Nous essayons de communiquer l’amour de Jésus par notre présence rassurante et nos soins. Parfois, nous prions ensemble. Je me sens à ma place en étant auprès de celles et ceux qui souffrent, tentant d’amener un peu de réconfort et d’espoir.
Heureusement, d’autres situations me donnent de la joie, comme celle de Binta, qui a accouché il y a une semaine, puis a développé un sévère abcès dentaire, conduisant rapidement à une septicémie.
Elle est arrivée inconsciente chez nous, environnée d’une bonne centaine de mouches, attirées par ses plaies infectées (l’abcès dentaire avait progressé jusqu’à son abdomen). Le chirurgien qui l’a prise en charge pensait qu’elle ne vivrait pas jusqu’au lendemain mais deux jours plus tard, elle me parlait et souriait !
Son sixième bébé, qui n’atteignait pas plus d’un kilo à son arrivée, a pu reprendre des forces également et tous les deux vont beaucoup mieux aujourd’hui ! Binta est restée hospitalisée assez longtemps pour avoir le temps d’entendre parler de Jésus à plusieurs reprises.
Avec Cherifa, une collègue sage-femme et amie, je vais régulièrement dans un endroit où nous enseignons. Pour ma plus grande joie, Cherifa est très douée avec les femmes et les enfants et elle les enseigne à merveille et avec enthousiasme. Nous avons abordé plusieurs sujets d’hygiène et de santé. De mon côté, je prépare une histoire biblique en Hausa, avec Nana, mon aide de langue. Environ une centaine de femmes et enfants se retrouvent pour ce moment ! C’est un peu intimidant mais très encourageant ! La problématique majeure des villageois là-bas reste leur manque d’accès à l’eau. Ils l’abordent à chaque fois et je ne peux pas les blâmer. Je prie que Dieu intervienne pour ce besoin vital et que ce soit un moyen pour eux de redécouvrir Sa bonté.
Merci pour prier pour la protection des Nigériens de la région, notamment avec la saison des pluies qui commence. Il y a régulièrement des toits, des murs ou des maisons qui s’écroulent. Et avec la pluie, pourtant tellement bénéfique, arrive également le redoutable paludisme, qui tue en masse ici en Afrique de l’Ouest. La charge de travail va beaucoup augmenter ces prochaines semaines. Merci de prier pour que le personnel de l’hôpital puisse être renouvelé dans sa motivation et son amour pour accueillir et prendre soin de tous ces patients.
Lisez également un article de Sara dans notre nouveau magazine SIM, qui a pour thème l’eau fraîche. Vous pouvez le lire directement ici.