Article écrit par Susan Akyeampong, sim.org
Dans un hôpital très fréquenté d'un village du Niger, une fille de 10 ans a été transportée aux urgences un week-end après avoir été heurtée par un camion. Ses blessures étaient graves : sa jambe était mutilée et ses tissus étaient tellement endommagés que son os était exposé.
Pour sa chirurgienne, la Dre Clarisse, cheffe de clinique en chirurgie à l'hôpital Galmi, la réponse médicale évidente était l'amputation. « Ma tête me disait : « Nous devons amputer cette jambe ». « Cela semblait si grave que je pensais qu'il n'y avait aucun autre moyen ». Mais alors qu'elle réfléchissait aux différentes ses options, un sentiment persistant du Saint-Esprit agitait son cœur : « Fais ce que tu dois faire, lave la jambe, essaie la fixation externe."
Avec son équipe, elle a suivi une voie prudente et laborieuse. Ce processus a nécessité des semaines de soins méticuleux, de fixation externe et de greffes de peau. Un long mois plus tard, l'os était complètement guéri.
Tout au long de l'épreuve, la Dre Clarisse et son équipe sont devenus un système de soutien pour la jeune fille et sa mère. Ils sont restés à leurs côtés, les encourageant dans les jours les plus difficiles. Bien que la fillette et sa mère ne soient pas chrétiennes, l’équipe médicale a aussi prié avec elles, leur partageant l'espérance en Jésus.
Ce cas rappelle à la Dre Clarisse la raison de sa présence au Niger et sa vocation de servir dans des régions mal desservies. Son parcours jusqu'ici a été marqué par une foi profonde, de la persévérance et un engagement envers les communautés dans le besoin.
Née et formée au Burundi, elle a découvert sa passion pour la chirurgie lors de ses stages à l'école de médecine dans l'hôpital de Kibuye. Elle y a rencontré des chirurgiens qui travaillaient avec humilité, traitant des patients qui avaient peu accès aux soins médicaux. « Je suis partie avec quelque chose dans mon cœur », dit-elle. « C'était quelque chose que je voulais imiter ».
Cependant, la voie pour devenir chirurgienne était loin d'être simple. Dans les cliniques rurales où la Dre Clarisse travaillait en tant qu’interne en médecine, il y avait un réel besoin de chirurgiens, mais presque tous étaient en poste dans les villes. Elle voyait l'écart et savait que les régions rurales souffraient d'un manque d'expertise chirurgicale.
Cela l'a conduite au programme de la Pan-African Academy of Christian Surgeons (Académie panafricaine des chirurgiens chrétiens en français), une résidence de six ans dans un hôpital de la SIM qui forme des chirurgiens pour servir dans certaines des régions les plus reculées. C'est grâce au PAACS que la Dre Clarisse a pris connaissance du travail de la SIM et s'est sentie inspirée à se joindre à l’African Surgeons to Under-Served Communitie (Chirurgiens africains dans les communautés mal desservies en français).
Aujourd’hui, la Dre Clarisse est cheffe de clinique à l’hôpital Galmi, dans un village du Niger, où sa foi guide son approche des soins aux patients et sa conduite professionnelle. « Je travaille avec des musulmans, et beaucoup de nos patients viennent de communautés musulmanes ».
« J’essaie d’être un exemple de Christ dans la façon dont je les traite », explique-t-elle. « Avant toute opération, surtout une opération compliquée, lorsque je ne sais pas quoi faire, je prie. »
Sa foi est intimement liée à chaque interaction. Elle se lie souvent d’amitié avec les patients, leur rend visite dans leurs villages et prie avec eux. Ses collègues trouvent aussi que son comportement témoigne de ses croyances, qu’elle partage l’Évangile par sa bonté, sa compassion et son travail constant de guérison.
La vie à l’hôpital Galmi n’est pas sans défis. Avec 80 lits et environ 3’000 cas par an, dont la plupart sont des urgences, le personnel est à court de ressources. De nombreux patients arrivent avec des cas graves, compliqués par des retards de traitement ; ils se tournent souvent d’abord vers la médecine traditionnelle, se rendant à l’hôpital Galmi seulement lorsque leur état devient critique. Les ressources sont rares et le travail est acharné.
Malgré ces obstacles, la Dre Clarisse s’efforce de créer un environnement de travail favorable et non toxique pour son équipe diversifiée. Elle a initié un rassemblement mensuel où des employés de divers pays se réunissent pour prier, partager et s’entraider, créant ainsi un sentiment d’unité dans un cadre parfois isolant.
En tant que mère de trois jeunes enfants, concilier la vie de famille avec son rôle exigeant a nécessité des sacrifices et de la foi. Le mari de la Dre Clarisse, un ancien travailleur d’ONG, a choisi de quitter son poste bien rémunéré à l’ONU pour suivre la vocation de sa femme. « C’est très inhabituel pour un homme africain », dit-elle avec un sourire.
Son soutien a été inestimable, allant de l’aide à l’hôpital à la prise en charge de leurs enfants lorsqu’elle effectue de longues gardes. Ensemble, ils s’appuient sur la foi, la prière et l’aide de soignants de confiance qui sont devenus comme des membres de leur famille.
En regardant vers l’avenir, la Dre Clarisse rêve d’une vie ancrée dans le travail humanitaire rural, où sa famille pourrait œuvrer ensemble dans des communautés ayant peu accès aux soins de santé.
Elle dit : « Je n’aime pas travailler en ville. Je me vois dans des villages où les gens ont besoin d’aide. Il n’y a pas de grands hôpitaux ici ». Elle pense que ses compétences peuvent faire la plus grande différence.
Dans des moments comme ceux avec la jeune fille renversée par le camion, lorsque sa formation et ses instincts ont été mis à l’épreuve, la Dre Clarisse a vu le Saint-Esprit agir d’une manière que lui seul pouvait. C’est ce qu’elle espère que les autres continueront à vivre et à voir : la puissance de sa présence dans leur vie quotidienne.